. Et l’armée malienne, tant honnie, est toujours là. La promesse d’autonomie a été abandonnée au profit d’une décentralisation sur tout le pays. Mais le financement ne suit pas. Au même moment, le Niger, où vit la plus nombreuse des communautés touarègues de la région (800 000 contre 300 000 à 500 000 au Mali), est également aux prises avec une insurrection. Mais Niamey est plus habile. Maniant la carotte et le bâton, les Nigériens envoient leurs blindés et leurs hélicoptères de combat tout en tenant leurs promesses d’intégration.
« Si la situation est différente au Niger, c’est aussi parce que la France s’en préoccupe à cause de l’uranium », souligne le chercheur Pierre Boilley. Après une nouvelle insurrection menée en 2007 par le Mouvement des Nigériens pour la Justice (MNJ), une part plus importante des bénéfices de l’extraction sera destinée au développement du nord du pays. Aujourd’hui, le Premier ministre est un Touareg d’Agadez, le numéro deux de l’armée vient du désert, et le président du conseil d’administration de la mine d’uranium géante d’Imouraren, exploitée par la société française Areva, est le neveu du plus célèbre chef rebelle. L’Algérie, elle, a su traiter sa question touarègue par un mélange de contrainte et de séduction. La puissante Sécurité militaire veille. Des représentants des Touaregs se sont vu offrir des postes à Alger. Grâce à l’argent du pétrole, des investissements ont été réalisés dans le Grand Sud. Dans la très riche Libye, Kadhafi a longtemps soigné ses Touaregs locaux, peu nombreux, tout en instrumentalisant les rébellions chez ses voisins pour jouer un rôle de premier plan dans tout le Sahara.
Mais au Mali, l’un des pays les plus pauvres du monde, les ressources manquent cruellement pour instaurer la paix civile. « Le Sud est pauvre, mais le Nord l’est encore plus », soupire Pierre Boilley. A partir des années 2000, la Mali fait face à des révoltes sporadiques qui se soldent souvent par une paix financée par la Libye. « Cela a pu générer une frustration chez d’autres Touaregs qui, à leur tour, entrent en rébellion. Les révoltes armées sont, du coup, devenues aussi des entreprises lucratives, des sortes de syndicats de la kalachnikov », explique Charles Grémont, historien et anthropologue. Les années 2000 sont surtout celles de l’arrivée dans la région des émirs algériens d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), du très lucratif trafic de drogue et des juteuses prises d’otages qui viennent troubler le jeu. Alors que se fomente une nouvelle rébellion dans l’Azawad, le régime de Kadhafi s’effondre en 2011. Les Touaregs intégrés dans l’armée libyenne et la Légion islamique retournent au pays.
Ils viennent renforcer les rangs du MNLA, instigateur de la rébellion de 2012. En trois mois, les Touaregs reprennent l’Azawad à une armée malienne en déroute, déboussolée par un putsch à Bamako. Le 6 avril 2012, ils déclarent l’indépendance. Mais c’est sans compter avec l’apparition d’un nouveau mouvement. Faute de pouvoir s’emparer de la direction du MNLA, Iyad Ag Ghali, un vétéran admiré de la révolte de 1990, à l’ego surdimensionné et converti au salafisme, crée Ansar Dine (« protecteurs de la foi »), un mouvement rival à la fois islamiste radical et touareg. Bien financé par ses alliés d’Aqmi et de sa dissidence, le Mujao, Ansar Dine attire les combattants d’un MNLA affaibli et désargenté. En juin, les groupes islamistes chassent le MNLA dans le désert et se rendent maîtres de l’Azawad. L’intervention de l’armée française vient bouleverser la donne. Ansar Dine éclate. Des modérés créent le Mouvement islamique de l’Azawad (MIA). Le chef charismatique Iyad Ag Ghali est en fuite, sans doute dans les montagnes inexpugnables de l’Adar des Ifoghas, avec ses alliés djihadistes. C’est l’heure de la revanche pour le MNLA, qui reprend certaines villes abandonnées par les islamistes. Il offre de collaborer avec l’armée française pour traquer les terroristes. Sans formellement renoncer à l’indépendance, le MNLA semble prêt à négocier avec Bamako.
En position d’arbitre comme il y a un demi-siècle, la France va sans doute tenter de réconcilier le Nord et le Sud, réglant enfin une question qu’elle avait laissée ouverte à la décolonisation. L’affaire ne sera pas simple car les tensions sont aussi vives au nord entre les communautés. Certains, parmi les communautés noires, sont fatigués des rébellions à répétition des Touaregs, qui ne les ont jamais vraiment associés. « Aujourd’hui, résume le chercheur Charles Grémont, il y a une double crise de confiance. L’une, depuis toujours, entre les Touaregs et le régime de Bamako. L’autre, qui s’est aggravée, avec les populations voisines du Nord ».
A savoir :
→ Il y a entre 1,5 et 2 millions de Touaregs, répartis dans plusieurs pays.
→ Ils sont entre 300 000 et 500 000 au Mali, 800 000 au Niger près de 70 000 en Algérie et quelques dizaines de milliers en Libye, en Mauritanie et au Burkina Faso.
→ Au Mali, de 75% à 80% de la population (12 à 15 millions) vivent au sud. Et même au nord, où ils sont établis, les Touaregs sont minoritaires par rapport aux populations arabe, songhaï et peule.
→ Amenokal : c’est le chef suprême ; il est choisi pour sa bravoure et son charisme dans la tribu la plus noble.
→ Castes : les tribus sont divisées en plusieurs castes hiérarchisées. En haut, les nobles (imajaghen), qui sont avant tout guerriers et assurent la sécurité en échange d’un tribut versé par les vassaux (imghad). Viennent ensuite les religieux (ineslimen). Tout en bas de l’échelle sociale se trouvent les esclaves (iklan).
→ Les femmes touaregs : elles jouissent traditionnellement d’un statut inégalé dans le reste du monde musulman. Dans la société touarègue, la monogamie est de règle, les remariages sont fréquents. La filiation, l’héritage se font en ligne matrilinéaire. Les femmes sont gardiennes de la culture et des traditions.
→ Islam : ayant tardivement adopté l’islam à partir du XVe siècle, les Touaregs conservent dans leurs croyances et leurs comportements l’héritage d’un passé plus ancien et ne revendiquent pas la religion mais la langue comme critère identitaire collectif.
→ Touaregs : c’est l’appellation arable pour le peuple des Berbères du Sahara, sui se nomment eux-mêmes Kel Taguelmoust (« ceux qui portent le voile ou le chèche »)., Kel Tamasheq (« ceux qui parlent le tamachek »), ou encore Imageren (« homme libres »).

VERT 3 le Mar 5 Fév - 16:57
La France a, ce vendredi 1er février, plus de 3 500 soldats sur le sol malien. Les soutiens à N'Djamena, Niamey, Ouagadougou et les troupes en attente à Dakar représentent environ 700 militaires français.
Le dispositif est distendu à l'extrême en raison des distances (1 500 km entre Bamako et Kidal), d'où l'importance du déblayage des pistes d'aéroport de Tombouctou, Gao, avant la prise de contrôle de Kidal.
Rappel des quatre missions confiées à l'opération Serval
1.Stopper la progression des groupes insurgés (réalisé),
2.Frapper les bases arrières de l'adversaire, essentiellement par les forces aériennes (en cours),
3.Assurer la protection de Bamako et des 6 000 ressortissants français (réalisé),
4.Aider les forces maliennes à se structurer et la MISMA (Mission internationale de soutien au Mali) à s'organiser « pour la reconquête totale du Mali ». Les rapides avancées vers Gao, Tombouctou procèdent de cette logique.
Tour d’horizon des moyens déployés
Armée de terre
Tombouctou :





•les marsouins du 21ème RIMa,
•les légionnaires du 1er REC avec des blindés légers AMX 10 RC.
•200 cents légionnaires du 2ème REP largués au nord de la ville.
•Des éléments du 6e RG, chargé de l'ouverture d'itinéraires, du déminage, de la destruction d'armes et de munition mais aussi l'installation de campements.
•Des éléments du 17ème RGP largués sur Tombouctou, bulldozer compris, pour nettoyer l'indispensable piste d'atterrissage de l'aéroport.
Gao :




•Un détachement du 1er RCP a effectué un poser d'assaut pour sécuriser l'aéroport de Gao.
•Des éléments du 17ème RGP pour l'aménagement de la piste et la mise en place d'une chaîne aérienne logistique.
•Une trentaine de blindés du 1er RHP.
•Des éléments du 3ème RPIMa.
•Une compagnie du 2ème RIMa.
Bamako :




•150 hommes du 3ème RIMa de Vannes s'occupent de la sécurité de la base arrière de l'opération Serval. 250 autres sont en attente.
•Une cinquantaine d'hommes du 7ème RMAT. D'autres éléments aux métiers ultra-techniques sont prélevés un peu partout. Une centaine d'hommes complètent la logistique (munitions, carburant, transmissions, armement, véhicules...).
•Une centaine d'hommes du 511ème RT.
•Des éléments du 28ème RT.
•Une centaine d'hommes du 515ème RT.
•Deux cents personnels et quinze engins (Tigre, Cougar, Gazelle) du 5ème RHC.
Dakar, en attente :


•Deux compagnies du 92ème RI équipées de VBCI (véhicules blindés de combat d'infanterie).
•Une compagnie du RICM avec des AMX10 RC.
En cours de transfert




•Une batterie du 11ème RAMa avec des mortiers de 120 mm.
•Une compagnie du 126ème RI
•Une compagnie du 31ème RG.
•Une batterie du 68ème RAA avec quatre camions Caesar.
•Un escadron du 1er RIMa avec sept blindés AMX 10 RC, une dizaine de VAB et de VBL et de cinq camions.
A noter que la zone de regroupement et d’attente (ZRA) de Miramas est armée par le 503ème RT.
Armée de l'air
Le dispositif aérien est basé à N'Djamena (Tchad), Niamey (Niger) et désormais, Bamako. On compte désormais six Rafale, six Mirage 2000-D, cinq avions ravitailleurs Boeing C135 FR et deux Mirage F1-CR de reconnaissance tactique.
Six Rafale sont mobilisables depuis Abou Dhabi, si nécessaire.
Les munitions transitent par la base 702 d’Avord dans le Cher, comme lors de l'opération Harmattan en Libye.
Au sol, le CPA 20 (commando parachutiste air) est déployé pour son métier de protection de base aérienne. Le CPA 30 aurait des éléments spécialisés dans l'appui aérien et la récupération de personnes isolées.
Forces spéciales et renseignement
Ils sont omniprésents à l'avant de la remontée française.






•Des équipes du 1er RPIMa, du 13ème RDP de Souge et des hélicoptères du 4ème RHFS.
•Le COS (Commandement des opérations spéciales), son poste de commandement à Ouagadougou (Burkina-Faso) et au siège à Villacoublay.
•Des commandos de l'air du CPA 10 d'Orléans présents au sol pour l'appui aérien, le ciblage, c'est-à-dire le guidage des avions pour les bombardements.
•Des commandos marine de Lorient sont engagés en première ligne depuis le début de l'intervention française.
Le couple de satellites Pléiades et les Hélios 2A et 2B observent le Mali depuis longtemps et donnent d'excellents renseignements sur un terrain favorable, tout comme les avions Atlantique 2 et les deux drones MALE Harfang de l'escadron 1/33 Belfort de la BA 112.
Marine nationale

•Le BPC Dixmude est arrivé lundi 28 janvier à Dakar. Il avait appareillé de Toulon lundi 21 avec les éléments d'un GTIA.
•Le roulier MN Eider doit arriver à Dakar avec 250 véhicules et une centaine de conteneurs.
La Marine arme également les avions de reconnaissance et de surveillance Atlantique 2, basés à Dakar.
Source: Défense Globale





«Contre la peur, un seul remède : le courage.»
MALI : OPERATION « SERVAL » II
►Boubacar, enfant, esclave et soldat du Djihad…
« Après la piqûre, tu ne peux plus t’empêcher de courir comme un fou »…
Enrôlé de force, terrorisé, drogué, il a servi, comme ses camarades d’école coranique, de chair à canon aux combattants islamistes. Il garde la tête baissée, les yeux vers le sol, crache par terre et demande à boire. Boubacar a toujours soif. Il a quinze ans à peine, les yeux brillants, le corps flottant dans un boubou grenat qui exhale une odeur forte de brousse, les pieds dans des sandales de plastique. Quand on l’extrait de sa cellule, une pièce de ciment meublée d’un seau débordant de merde, il tripote un mégot coincé derrière son oreille, crache, demande encore à boire et une cigarette. Boubacar est en manque. Il a six ans quand ses parents, trop pauvres pour élever sept enfants, le confient à l’école coranique de Haïbongo, à vingt et un kilomètres de Tombouctou. Le père est épicier et marabout, marchand de cigarettes et d’arachides ; la mère vend du lait de vache.
À l’école coranique, Boubacar passe ses journées à ânonner les sourates du coran et à servir le maître, un religieux autoritaire et avide, qui répète à ses vingt quatre élèves qu’ils iront en enfer s’ils ne sont pas obéissants. Un jour, les islamistes viennent à l’école et ils repartent avec tous les gamins. Le maître les a vendus. Leur nouveau chef s’appelle Mohamed Djibrilou Sidi Bey, venu de Libye ou d’Algérie, un homme « toujours armé, grand, gros, très méchant, à la peau plus claire que moi », dit Boubacar, « un barbu qui parle arabe, peul, sonraï et français ». Sans le savoir, Boubacar vient d’être enrôlé par la branche de Tombouctou d’Ansar Dine, en marche pour la guerre sainte. Boubacar est envoyé à Douentza, dans un camp militaire, où il est formé au maniement de la « 47 », en clair, l’AK 47, le fusil d’assaut préféré des islamistes. Pendant deux semaines, le gamin de treize ans à peine, court, saute, sue, tire, manoeuvre puis devient cuisinier, sert ses maîtres et leur porte une bassine d’eau, cinq fois par jour, à l’heure des ablutions pour la prière.
Chaque jour, le chef leur répète que la religion est tout, qu’il faut mourir en martyr pour entrer au paradis des vrais croyants...« il parlait bien, c’était beau ! ». Oublier une sourate ou la réciter mal est un péché. Et Boubacar, défaillant, recevra le fouet, sous forme de cinq coups de courroie de moteur de voiture. Dans le camp, un Burkinabé de vingt et un ans, Omar Sanga, est particulièrement indiscipliné. L’ancien forgeron se cache pour fumer dans la brousse et sort en cachette en ville le soir. Après une nouvelle incartade, son chef décide de punir le mécréant : « il l’a égorgé ». Désormais, Boubacar et ses camarades de l’école coranique vivent dans la terreur. Il y a un an, quand l’insurrection éclate, Mohamed les réunit pour leur annoncer que l’heure du Djihad est enfin arrivée et que Dieu, dans son immense bonté, leur offrait enfin l’occasion de mourir en martyr. Le chef menace, personne ne doit faiblir au combat. Sinon... et tous les combattants pensent à Omar Sanga. En quelques semaines, les villes du Nord tombent l’une après l’autre. Tombouctou est aux mains d’Aqmi et d’Ansar Dine. Et en décembre dernier, la Katiba (compagnie ou section) déménage pour s’installer du côté de Diabali. Début janvier, Boubacar apprend que des bombes françaises ont frappé Konna. Sa belle-sœur est morte au cours du raid. Son père, lui, a fui avec sa famille vers Bamako. L’épicier, qui avait le malheur de savoir parler français et vendait le tabac du diable, était devenu suspect aux yeux de la police islamique. Le déplacement de la Katiba à Dougala, petit village près de Diabali, se fait par petits groupes pour ne pas éveiller l’attention. D’abord quatre pick-up et des hommes armés de simple coupe-coupe, puis d’autres colonnes chargées d’armes lourdes : les djihadistes se préparent à l’attaque de Diabali.
Le lundi 14 janvier à l’aube, 400 hommes et 47 pick-up s’infiltrent dans la ville et balaient la garnison malienne en moins de trois heures. L’attaque est menée par Ousmane Haïdara, « un ancien colonel de l’armée malienne, dit Boubacar, il connaissait bien Diabali parce qu’il avait été commandant de la garnison de la ville ».
Boubacar fait partie de la deuxième vague, celle du lendemain matin. Déjà, les hélicoptères français tournent et les avions larguent des bombes de 250 kilos... « Nous avions tous très peur », dit Boubacar. Le bruit et les morts ! Le gosse crache par terre et demande à boire, « le ciel et la terre, tout tremblait ». Boubacar cherche ses camarades d’école, divisés en deux groupes de douze. Le premier pour l’assaut, le second en appui. Dans le premier groupe, sept compagnons sont morts. Il relève la tête et crie leurs noms : « Soumaïla Barry, Adama Yori, Samba Touré, Djibrilou Barry, Affo Barry, - « mon cousin » -, Boubacar Sidi Bey et Sambo Traouré...Tous morts ». Les assaillants prennent le temps d’en enterrer un, « derrière le cimetière, sous les manguiers ». Et les autres ? Boubacar enlève une sandale et la tient dans la main : « C’est tout ce qu’on retrouvé d’eux... après les bombes des avions ». Le soir, les combattants s’installent au cœur de la ville, dans l’école catholique « Espoir de demain », près de l’église qu’ils ont saccagée. Comme toujours avant les combats, on leur sert de la viande mélangée à une poudre blanche : « Après, tu as le corps qui devient dur comme du fer. Tu ne sens plus la douleur. Et tu gardes les yeux très ouverts. Sans pouvoir dormir ». Cocaïne. Les hommes du camp reniflent aussi la poudre magique. Mohamed Djibrilou le chef traite aussi les « cas particuliers », comme Boubacar, qu’il trouve « têtu », peu enclin à embrasser la mort. Le gamin soulève ses manches sales, montre deux piqûres à son bras gauche, deux autres au bras droit et trois de plus sur les fesses, résultat des injections imposées par le chef de Katiba : « Après la piqûre, tu ne peux plus t’empêcher de courir comme un fou », dit Boubacar. Plus les avions frappent, plus le chef multiplie les injections. À la dernière, Boubacar s’effondre, dans le coma.
Quand il se réveille, tout est étrangement calme. Boubacar a très soif et n’a plus la force de bouger. La femme du gardien de l’école, tué dans les bombardements, lui donne à boire et à manger. Il reste là cinq jours, à dormir et à délirer. Puis parvient à se lever. Dehors, la ville est déserte. Les djihadistes ont fait retraite. Boubacar décide de partir à pied vers Bamako, rejoindre ses parents, à cinq cents kilomètres de là. Sur la route en direction de Niono, les forces lui manquent. Il fait demi-tour et se fait arrêter par les premiers militaire maliens : « J’étais content. Ils ne m’ont pas tué ». Depuis sa cellule répugnante de la gendarmerie de Ségou, Boubacar a entendu la suite, les villes qui tombent les unes après les autres et les islamistes abandonnés de Dieu qui fuient dans le désert. Les colonnes djihadistes n’ont pas fait le poids devant une armée moderne. Les hélicoptères d’assaut, les avions munis de bombes guidées au sol par les forces spéciales françaises ont pulvérisé les pick-up avec une précision diabolique. La première manche de la guerre classique est quasiment terminée, les foules libérées exultent en agitant les drapeaux français et malien, l’heure est à l’euphorie. Mais Boubacar se souvient comment son chef parlait du désert immense, des combattants qui le parcourent, de la colère de Dieu qui frappera les impies, dans les dunes, sur les routes ou même dans les villes, portée par des martyrs, ceinture d’explosifs autour de la poitrine. Boubacar ne le comprenait pas, mais son chef ne faisait que leur expliquer les règles de la guerre asymétrique. Celle qui peut désormais commencer.
Boubacar crache par terre, demande encore à boire et allume avec avidité la cigarette qu’on consent enfin à lui offrir. Cette autre guerre se fera sans lui. Il sera bientôt jugé pour « participation à la rébellion » et ses gardiens lui ont dit qu’il resterait longtemps en prison. Pour l’heure, il a été rejoint par un codétenu, très jeune, un peu décevant comme nouveau camarade, qui ne connaît pas son âge ni son nom, reste muet et passe ses journées à rouler des yeux fous. Un combattant djihadiste arrêté lui aussi sur le front. Un enfant-soldat. Un gosse perdu à la guerre.
(Source : Jean-Paul Mari – Grand reporter)
► L'acte 2 de la guerre…
L’affaire n’a pas été ébruitée. Nous sommes le 26 janvier, au cœur de la nuit, il est quatre heures du matin, la ville de Gao vient à peine de tomber. Une colonne d’une centaine de véhicules - 400 militaires Maliens, 100 Français - progresse, formant un convoi qui s’étire sur dix kilomètres. À un kilomètre avant Gao, le premier véhicule blindé tombe dans un énorme cratère de trois mètres de diamètre et d’un mètre cinquante de profondeur. Sous le choc, le véhicule est disloqué, deux soldats français sont blessés, nez cassé, bras fracturé, trauma crânien.
Explication : la veille, les Forces spéciales se sont retrouvées face à un pick-up bourré d’explosifs conduit par deux kamikazes. Les Français ont ouvert le feu, le véhicule a explosé, les corps des deux islamistes « blastés », - disloqués par le souffle, gisent sur le bas-côté de la route. Il fait très noir, une équipe télé, qui accompagne le convoi, ne peut pas faire d’images. D’autant qu’immédiatement, à la radio, on entend la consigne « attention ! Restriction presse ». Pas d’images, donc pas d’histoire. Le convoi reprend son chemin.
Constat : il est double. Un, les Forces spéciales ont toujours été devant et elles savent tirer. On s’en doutait. Deux, plus important, face aux frappes aériennes qui les laissaient impuissants, puis face aux troupes au sol, plus vulnérables, les djihadistes ont commencé très tôt à utiliser les armes qu’ils connaissent : kamikazes, voitures-piégées ou suicides, mines, accrochages éclairs, bref toute la panoplie des groupes islamistes armés. Depuis, les évènements qui se sont déroulés, toujours autour et dans Gao, confirment que « l’autre guerre », prévue, attendue, redoutée, logique et inévitable, a bel et bien commencé.
Scènes de guérilla urbaine
Le 6 février, une mine saute au passage d’un véhicule, toujours sur cette route entre Douentza et Gao, - apparemment « truffée » de mines selon les témoignages - faisant quatre morts, deux soldats et deux civils. Déjà, le 31 janvier, une mine avait explosé sur la route, au passage d’un véhicule militaire malien, tuant deux soldats. Autour de Gao, les premiers accrochages commencent, avec tirs de kalachnikov et de lance-roquette antichar, le minimum de l’arsenal de tout bon djihadiste dans la région. Le 8 février, un homme à moto habillé en uniforme de la gendarmerie malienne se fait exploser devant un barrage de soldats. Un seul mort, le kamikaze et un soldat blessé. Par chance, l’obus que transportait le djihadiste sur sa moto n’a pas explosé. Et deux jours après, on pouvait toujours voir la tête du kamikaze abandonnée sur le sol, un « homme à la peau claire », arabe ou touareg.
Le 10 février, enfin, la ville de Gao connaît de véritables scènes de guérilla urbaine. Un kamikaze se fait sauter à un poste de contrôle de l’armée malienne à l’entrée de la ville, pour ouvrir la voie à un commando de plusieurs dizaines d’hommes qui s’infiltrent, prend le contrôle - symbolique - de l’ancien centre de la police islamique. Les combats vont durer cinq heures. Et les islamistes sèment la panique dans tout le centre-ville. Des reporters décrivent des hommes en noir, ceinture de grenades autour de la taille, sautant de maison en maison dans les ruelles de la ville. Il faudra l’intervention des hélicoptères de l’armée française pour déloger le commando et rétablir l’ordre dans une ville secouée, privée un temps d’électricité et inquiète de la possibilité de terroristes rescapés, infiltrés dans la cité et bénéficiant de complicités pour attendre l’heure d’un nouveau mauvais coup.
Des soldats maliens transportent des suspects à Gao, dans le nord du pays. (Julien Guyot - AFP)
► Focus sur l’appui à l’implantation des composantes « Air »…
Dès le début de l’opération « Serval », les militaires du 25ème Régiment du Génie de l’Air (25ème RGA) et du Groupement Aérien d’Appui aux Opérations (GAAO) ont été déployés à Bamako, puis au fil de l’avancée des troupes françaises et maliennes, à Mopti, Sévaré, puis Gao. Leur mission : aménager les structures aéronautiques nécessaires pour le détachement Air.
Les hommes du 25ème RGA et du GAAO sont chefs de travaux, conducteurs d’engins, maçons, électriciens ou encore menuisiers. Ils sont projetés sur un théâtre d’opération dès son ouverture lorsqu’il faut y déployer des zones de vie et de travail. Au Mali, les deux entités ont réalisé en synergie les aménagements nécessaires pour que les avions puissent se poser et les hommes s’installer. Le génie se consacre aux travaux d’infrastructures « horizontales » tels que la préparation des pistes de terrain. Le personnel du groupement aérien d’appui des opérations, constitué de spécialistes du bâtiment, des énergies ou du traitement de l’eau, prend en charge les infrastructures dites « verticales ».
Ainsi, sur un chantier au profit de la base de Bamako, le génie de l’Air a récemment renforcé le dispositif de sécurité de l’entrée de l’aéroport militaire. L’objectif est d’éviter l’infiltration ou l’attaque directe d’ennemis grâce à une infrastructure performante et un service de sécurité infaillible. Les éléments du 25ème RGA, soutenus par des entreprises locales, ont rapidement entamé les travaux de terrassement de la zone qui sera constituée plus tard de bastions walls (système de fortification cellulaire modulaire) et d’un poste de sécurité.
De son côté, le GAAO a procédé à la construction de blocs sanitaires au profit du détachement Air à Bamako. Outre sa capacité à installer un camp pour 1 400 personnes et à baliser des pistes de campagne, cette unité travaille au quotidien à l’amélioration des conditions de vie de son détachement et de la force en général. Les maçons ont dressé des blocs sanitaires qui serviront à l’armée Française puis à l’armée de l’Air malienne qui stationne sur cette base. Un moyen de mettre à profit les compétences de l’unité et de les partager.
Les élongations importantes de l’opération « Serval » sur le territoire malien ont nécessité l’intervention du 25ème RGA et du GAAO dans plusieurs villes (Gao, Mopti…) avec une phase de reconnaissance d’expertise, puis une phase d’engagement des travaux. Dès le début des opérations, ils sont les garants des capacités de déploiement de la composante Air. Ils participent à la manœuvre globale de l’opération en travaillant en étroite collaboration avec les autres entités du théâtre et les forces locales.
► Focus sur le détachement « chasse » de Bamako…
Dès l’ouverture du théâtre malien, la composante Air a joué un rôle crucial avec l’appui aérien apporté par les mirages 2000D et F1 lors des opérations terrestres menées par les troupes françaises aux côtés des forces maliennes. Aux côtés des pilotes, les mécaniciens œuvrent jour et nuit pour que l’ensemble des aéronefs puissent remplir leurs missions.
Actuellement, au détachement Air de Bamako (DETAIR), 6 mirages 2000D sont alignés, armés et prêts à décoller. Pour mener les missions programmées ou déclenchées sur alerte, les 10 équipages et les 80 mécaniciens sont à pied d’œuvre 24h/24. Sous la chaleur écrasante d’un après-midi à Bamako, dans la zone militaire de l’aéroport, les mécaniciens du détachement « chasse » (DETCHASSE) s’affairent autour des deux mirages déclenchés pour une alerte. Après un briefing en salle d’opérations, les deux équipages rejoignent leurs avions, effectuent les dernières vérifications de l’appareil avant le vol. Quelques instants plus tard, la mise en route, le roulage puis le décollage dans un bruit assourdissant, marquent le début de cette mission.
Dès le retour des avions, les mécaniciens prennent en charge les appareils pour les préparer à leur prochaine mission. Les équipages regagnent la salle d’opérations pour débriefer cette mission et faire les comptes rendus à temps. Quelques heures plus tard, ce sera au tour d’un nouvel équipage. Initialement, l’engagement des mirages 2000D a permis d’arrêter la progression des groupes terroristes vers le Sud du Mali. Désormais les interventions aériennes menées dans la profondeur permettent, notamment, la destruction des bases arrières empêchant tout repli et toute réorganisation des groupes terroristes repoussés par les unités au sol. Leur déploiement permet également l’acquisition du renseignement et la définition de la situation tactique ainsi que l’appui des troupes au sol.
► Les commandos parachutistes de l’air du CPA 20 au cœur du GTIA 1…
Depuis leur départ de Bamako le 24 janvier 2012, les hommes du CPA 20 (commandos parachutistes de l’Air n° 20) de la base aérienne 102 de Dijon, insérés au sein du GTIA 1 (Groupement Tactique Interarmes), coordonnent l’appui aérien au profit de leur unité et, assurent le marquage des zones de largage et des zones de posers sur l’aéroport de Tombouctou.
Le 24 janvier 2012, lorsque le GTIA 1 s’est élancé depuis Bamako pour un raid blindé sur Tombouctou de près de 1 000 kilomètres en 4 jours, 11 militaires de l’armée de l’Air les accompagnaient :
un pilote de chasse et 10 commandos parachutistes de l’Air. Ces hommes ont armé deux structures, une équipe de contrôle tactique air (CTA) et une équipe d’appui aérien (TACP - tactical air control party).
L’équipe CTA, dirigée par un contrôleur tactique air, remplit deux missions. La première, consiste à coordonner les actions aéroterrestres dans la zone de responsabilité du GTIA. La deuxième, consiste à attribuer, en conduite, les moyens aériens déployés aux TACP et à coordonner les actions de ceux-ci.
Les TACP, ont la responsabilité de diriger les avions ou hélicoptères opérant dans leur zone (niveau tactique). Leurs missions consistent à faire comprendre aux équipes d’aéronefs arrivant dans la zone la situation tactique locale, à leur transmettre les éléments nécessaires pour identifier les objectifs, à guider les munitions le cas échéant et à évaluer les résultats. Cette équipe, commandée par un contrôleur aérien avancé (FAC - forward air controler), est constituée de spécialistes réalisant l’extraction de coordonnées, la désignation d’objectifs, la communication et l’autoprotection du détachement.
Durant la progression du GTIA 1, les villes de Niono et Léré ont été rapidement libérées et le 27 janvier la colonne a atteint l’aérodrome de Goundam. Après la réouverture de la piste, les hommes du CPA 20 ont guidé le poser d’un C160 Transall transportant des munitions et du carburant pour le ravitaillement du groupement aéromobile (GAM) qui se préparait à prendre la ville de Tombouctou. Dans la nuit du 27 au 28 janvier, le FAC du CTA a guidé les avions Rafale et le drone Harfang qui ont appuyé l’opération aéroportée du 2ème régiment étranger parachutiste (2ème REP) au nord de l’aéroport de Tombouctou. Ils ont également effectué le marquage des zones pour le largage des véhicules et des munitions.
Le 28 janvier, alors que l’aéroport est sous le contrôle des forces françaises et africaines, mais rendu indisponible par des obstacles, les hommes du CPA 20 ont à nouveau préparé des zones de largage permettant, dès le lendemain, aux sapeurs du 17ème RGP (régiment du génie parachutiste) d’être parachutés avec leurs véhicules lourds (tractopelle et bulldozer). Une fois au sol, ils ont immédiatement entamé le rétablissement de la piste de l’aéroport.
Le 31 janvier, le CPA 20 a assuré le premier poser d’un avion Hercules C130 de la composante aérienne de l’opération « Serval » sur l’aéroport de Tombouctou. Depuis, le CTA assure la coordination des mouvements de tous les avions de transport tactique (ATT) et d’assaut (ATA) de jour comme de nuit, permettant ainsi de maintenir une liaison avec les hommes du GTIA 1 stationnés aux confins du Sahel.
► Décès d’un soldat français…
Le 19 février 2013, peu avant 11h00, des éléments français constitués d’une section de commandos parachutistes, renforcée d’un contrôleur aérien avancé et d’une patrouille blindée en mission de reconnaissance dans le massif de l’Adrar à une cinquantaine de kilomètres au sud de Tessalit, ont été pris à partie par des groupes terroristes. Au cours de cette action, un soldat français a été mortellement touché.
Immédiatement, les éléments pris à partie ont été appuyés par un renfort au sol et par la patrouille blindée qui a riposté au canon de 105 mm. Simultanément, une patrouille de deux Mirage 2000D, en mission d’appui au profit des troupes au sol dans la zone, est intervenue et a détruit deux nids de mitrailleuses lourdes. Une QRF du GAM s’est déployée sur zone. Les échanges de tirs se sont poursuivis pendant plusieurs heures et ont permis de fixer une partie des éléments terroristes. La veille, près de 150 soldats français et maliens lançaient l’opération « Panthère » dans le massif de l’Adrar. Cette opération vise notamment à désorganiser les groupes terroristes et à démanteler les sanctuaires terroristes. A cette occasion, deux importants dépôts de munitions ont été détruits par des frappes aériennes dans ce secteur. Cette action des forces françaises a permis de localiser des éléments terroristes dans leur sanctuaire, de les poursuivre et de neutraliser plus d’une vingtaine d’entre eux. Le soldat français tué au cours de cette opération est un sous-officier du groupe de commandos parachutistes du 2ème Régiment étranger de parachutistes (2ème REP) de Calvi.
► In memoriam : décès du sergent-chef Harold Vormezeele…
Né le 24 juillet 1979 en Belgique, le sergent-chef Harold VORMEZEELE aura servi la France durant près de 14 ans.
A 19 ans, le 24 février 1999, il s’engage pour cinq ans à la légion étrangère en qualité d’engagé volontaire. A l’issue de sa formation initiale au 4ème régiment étranger de Castelnaudary, il intègre le 22 juillet 1999 le 2ème régiment étranger de parachutistes (2ème REP) en qualité de grenadier voltigeur. A compter du 19 août 2000, il est amené, au sein du même régiment, à exercer les responsabilités d’opérateur radiographiste. Légionnaire sérieux et motivé, il se révèle compétent et efficace, se montrant particulièrement rigoureux dans l’exécution des missions confiées. Le 1er février 2002, il est élevé à la distinction de légionnaire de première classe.
Nommé au grade de caporal, énergique et déterminé, il se distingue par son remarquable investissement et son excellente condition physique. Manifestant un fort potentiel, il intègre alors la section des commandos parachutistes puis est naturellement orienté vers le corps des sous-officiers et est nommé au grade de sergent le 1er juillet 2005. Il se perfectionne alors dans le domaine de la troisième dimension et obtient son brevet supérieur de technicien de l’armée de Terre (BSTAT). Son profond attachement à la France lui fait déposer un dossier de naturalisation qu’il obtient le 7 mai 2010. Il est promu au grade de sergent-chef le 1er juillet de la même année.
Faisant preuve depuis toujours d’un remarquable dévouement à son métier et d’une disponibilité sans faille, le sergent-chef VORMEZEELE a effectué plusieurs missions extérieures : la Bosnie-Herzégovine en 2000, le Gabon en 2001, Djibouti en 2001 et 2011, la Nouvelle-Calédonie en 2003, la République de Côte d’Ivoire en 2006, la République Centrafricaine en 2007 et l’Afghanistan en 2008, 2010 et 2011.
Le 23 janvier 2013, dans le cadre du « Guépard », il est projeté en République de Côte d’Ivoire. Dans la nuit du 27 au 28 janvier, lors de l’opération « Serval », il saute en parachute avec son unité sur la ville de Tombouctou au Mali. Commando parachutiste compétent et particulièrement expérimenté, il se révèle une fois de plus à la hauteur dans cette situation de crise.
Le 19 février, peu avant 11h00, des éléments français constitués d’une section de commandos parachutistes, renforcée d’un contrôleur aérien avancé et d’une patrouille blindée en mission de reconnaissance dans le massif de l’Adrar à une cinquantaine de Kms au sud de Tessalit, ont été pris à partie par des groupes terroristes. Au cours de cet accrochage, le sergent-chef VORMEZEELE, sous-officier du groupe de commandos parachutistes du 2e REP de Calvi, a été mortellement touché. Il est le second soldat français à trouver la mort au combat depuis le lancement de l’opération « Serval » au Mali.
Le sergent-chef VORMEZEELE était titulaire de quatre citations dont trois avec attribution de la Croix de la Valeur militaire et d’une avec attribution de la médaille d’or de la Défense nationale.
Le sergent-chef VORMEZEELE était par ailleurs titulaire de la médaille commémorative française avec agrafes « ex-Yougoslavie » et « Afghanistan », de la médaille d’outre-mer avec agrafes « République de Côte d’Ivoire » et « République Centrafricaine », de la Croix du combattant et de la médaille de la Défense nationale - échelon or.
Agé de 33 ans, il a été tué dans l’accomplissement de sa mission au service de la France.
► Point de situation (14/02 18h au 18/02 18h)…
Les opérations aériennes se sont poursuivies en particulier dans la région de Bourem avec près de 85 sorties. Une quinzaine a été dédiée aux frappes aériennes et a permis la destruction, entre autres, de plusieurs dépôts de munitions des groupes terroristes. Un peu plus d’une trentaine a été consacrée au transport stratégique de nos forces et nos matériels, et le reste au soutien des opérations.
Pour rappel, le dispositif Air de l’opération « Serval » comprend 6 Rafale, 6 Mirage 2000D, 2 Mirage F1CR, 4 avions ravitailleurs, des drones Harfang, des C160, C130 et CN235 qui opèrent depuis Bamako, Ndjamena, Niamey, Dakar ou encore Abidjan. Au sol, l’opération « Serval » poursuit sa phase de sécurisation tout en mettant en œuvre des opérations visant à désorganiser les groupes terroristes. Ainsi, après la prise de Tessalit la semaine dernière, les soldats français en soutien des forces armées maliennes et en collaboration avec les militaires nigériens des forces africaines ont atteint la ville de Bourem.
Entre le 14 et le 18 février, le GTIA 2 (92ème RI), appuyé par le GAM et en soutien des FAM a lancé un raid blindé à partir de Gao vers la ville d’Almoustarat au nord, avant de rejoindre la région de Bourem plus au sud. La reconnaissance de cette zone a permis la fouille de plusieurs villages situés sur ces axes par les forces armées maliennes. Cette étroite coordination a notamment permis la récupération puis la neutralisation de 3 BM21 et un canon laissés par les groupes terroristes. Simultanément, des soldats français, maliens et nigériens ont sécurisé l’accès à la ville de Gao, face au nord, afin d’éviter de nouvelles infiltrations mais aussi des exfiltrations des groupes terroristes depuis la région de Bourem.
Le 16 février en début d’après-midi, l’ensemble des éléments s’est déployé à hauteur de Bourem. Le GTIA 2 s’est déployé aux abords de la ville afin d’en sécuriser les accès alors que les forces armées maliennes ont repris le contrôle de la localité. Leur arrivée a été saluée par la population. Près de 150 soldats maliens sont désormais installés dans la ville de Bourem. Le 17 février 2013, les éléments ont repris leur progression en direction de Gao. A plusieurs reprises des éléments ennemis ont été aperçus mais ils n’ont pas engagés le combat.
Parallèlement, les forces africaines poursuivent leur montée en puissance avec désormais près de 5 250 soldats sur le sol Malien. Les contingents togolais, sénégalais, béninois, ghanéen et tchadiens ont vu leurs effectifs accroître ces derniers jours et devraient poursuivre leur déploiement sur le terrain.
Enfin, le 18 février 2013, le Conseil de l’Union Européenne a officiellement lancé la mission EUTM MALI visant à apporter un soutien à la formation et à la réorganisation des forces armées maliennes. Un élément précurseur, sous les ordres du colonel Heluin, est arrivé à Bamako le 8 février et commencera à s'acquitter des tâches d'expertise et de conseil dans les jours qui viennent. Les instructeurs militaires devraient être déployés avant la fin du mois de mars.
NB : Le BM-21 Grad (russe : БМ-21 « Град ») est un camion soviétique lance-roquettes multiples de 122 millimètres développé dans les années 1960. BM signifie Boyevaya mashina, « véhicule de combat », et le surnom Grad signifie « grêle ». En Occident, le système était initialement connu sous le nom M1964. Selon les munitions et les versions, la portée de ces roquettes est de 5 à 45 km. Il comprend 40 tubes de lancement de roquettes.
► La traque des Atlantique 2…
Sur l’ensemble des aéronefs engagés dans l’opération « Serval », plusieurs appartiennent à la Marine nationale. Ce sont les Atlantique 2 ou ATL2. Détour par Dakar où sont stationnés les avions et le détachement de la flottille 23 F de Lorient.
Samedi 16 février 2013, les soldats français de l’opération « Serval » se déploient à l’Est du Mali pour une première mission de reconnaissance dans la région de Bourem. C’est la première fois que des éléments terrestres se rendent dans cette zone mais cette approche a pu être minutieusement préparée par les reconnaissances effectuées par les ATL2.
Les avions de patrouille maritime Atlantique 2, dont le bleu-gris du fuselage est caractéristique, réalisent dans le cadre de l’opération « Serval », des missions de surveillance et de recherche de renseignement par l’observation et le recueil d’images. Par la multiplicité et la précision de ses capteurs, il permet également le guidage des avions de chasse. Cette capacité avait déjà été éprouvée lors de l’opération « Harmattan » en Libye.
Ces avions et leurs équipages ont été engagés dès le déclenchement de l’opération « Serval » pour appuyer l’action des troupes au sol, en particulier le déploiement rapide des sous groupements tactiques interarmes de Bamako vers Tombouctou ou Gao, puis Kidal et Tessalit. Avec « Serval », « la patrouille maritime française a atteint son plus haut niveau d’engagement » a déclaré le chef du détachement 23F, capitaine de frégate Pierre.
Près de 1 000 heures de vol ont été effectuées par le détachement ATL2 depuis leur engagement. Il a par ailleurs compté jusqu’à 8 équipages et 200 marins de la 23F de Lorient.
Le détachement est stationné sur la Base Aérienne 160 « Colonel Geille » à Dakar, non loin du poste de commandement des Éléments français au Sénégal (EFS).
► Le 92ème RI arrivé à Gao…
Le 16 février 2013, en début de soirée, les fantassins de la 1ère compagnie du 92ème régiment d’infanterie (92ème RI) de Clermont-Ferrand sont arrivés à Gao.
Partis de Bamako le 13 février, les « grognards de la Vieille Garde » ont gagné Gao : plus de 1 200 km en 4 jours ! Ce convoi, formé des fantassins de la 1ère compagnie et de leurs véhicules blindés de combat de l’infanterie (VBCI), comptait en tout 85 véhicules (engins blindés et vecteurs logistiques). Chaleur accablante et fatigue étaient rapidement oubliées par les équipages à la traversée des villages. La population locale en liesse les accueillait sous les cris de joie et les applaudissements.
À Gao, les « grognards » vont renforcer le groupement tactique interarmes (GTIA) n° 2 Auvergne, placé sous le commandement du colonel Bert.
► VBCI : véhicule blindé de combat de l'infanterie…
Cet engin, dont l'équipage est de deux hommes (le pilote et le chef d'engin-tireur) doit permettre le transport d'un groupe de combat avec la totalité de ses équipements (9 hommes dont le chef tactique) en lui assurant un niveau de protection significatif.
La configuration générale de ce véhicule de combat de l'infanterie (VBCI) et de ses équipements est adaptée à l'engagement au sein d'une force blindée. Le véhicule blindé de combat de l'infanterie doit permettre le débarquement au plus près de l'objectif du groupe de combat et être en mesure de lui fournir un appui avec son armement de bord. C'est un véhicule à roues 8x8. Il doit pouvoir être engagé, de nuit comme de jour, sous la menace des armes d'infanterie ou d'artillerie, en ambiance NBC tout en assurant la capacité à durer au personnel embarqué. Pour ce-là, il est armé d'une mitrailleuse 12,7 mm montée sur un tourelleau téléopéré et d'un canon de 25 mm positionné sur une tourelle monoplace. Les différentes versions reposent sur une architecture commune organisée sur la base d'une caisse en aluminium sur laquelle sont rapportées des plaques de sur-protection. Le poste de pilotage est situé à l'avant gauche. La motorisation est un dérivé de la gamme civile. Son autonomie est supérieure à 750 kilomètres. La chaîne de transmission est du type en "I" avec des ponts centraux. La liaison sol est assurée par 8 roues motrices indépendantes dotées d'un dispositif de variation de pression de gonflage (les 4 roues avant sont directrices) et de suspensions de type mixte (oléopneumatique et ressort).
Caractéristiques numériques : hauteur : 3,22 m - longueur : 7,89 m - largeur : 2,98 m - masse : de 24 à 28 t (selon les versions et le niv
Arrivés le 1er août, les généraux Arnaud Sainte-Claire Deville commandant les écoles militaires de Saumur et son adjoint Arnaud Nicolazo de Barmon vont présider aux destinées des Écoles militaires de Saumur nées de la réforme générale des politiques publiques. Elles réunissent l'École de cavalerie, le Centre de renseignement et d'étude du renseignement, le Centre de défense nucléaire, biologique et chimique et la toute dernière arrivée, l'École d'état-major dont la première promotion saumuroise a fait sa rentrée le 27 août. Voici l'occasion de faire le point sur les objectifs de l'institution pour les deux prochaines années