Reconnaissance et respect de la nation pour ces soldats morts pour la France ,Compassion pour les familles , soutien aux troupes au Mali et en Afghanistan.
Sommaire MARS 2013
"Plus que Jamais"
« Le Soldat n’est pas un homme de violence. Il porte les armes et risque sa vie pour des fautes qui ne sont pas les siennes. Son mérite est d’aller sans faillir au bout de sa parole tout en sachant qu’il est voué à l’oubli »
(Antoine de SAINT EXUPERY)
Editorial mars 2013 : Nous sommes en "Guerre"
Chers Abonnés,
Chers Camarades d’Active et de Réserve,
Chers Amis,
Chaque Fois que nos Armées sont engagés nous savons que des familles vont etre dans la peine.
Reconnaissance et respect de la nation pour ces soldats morts pour la France ,Compassion pour les familles ,soutien aux troupes au Mali et en Afghanistan.
Pensée et voeux pour les Militaires du 92 RI deployés au Mali et plus particulierement à la 4 eme compagnie du 92 RI et à nos camarades Parachutistes de Pamiers ,Quartier Capitaine Beaumont ou j'ai eu le privilege de servir.
Dans ces moments de tristesses et d'inquiétudes ,les représentants del'association de soutien à l'Armée Française savent mieux que moi exprimer la réalité de cette Guerre.
L’Association de Soutien à l’Armée Française
Claude Barbin
Lettre de l’ASAF 13/02
« Ne pas subir »
(Maréchal Jean de Lattre de Tassigny)
Mali : bon sens et clairvoyance
Les opérations de guerre qui se déroulent au Mali ont pour premier mérite d’arracher certains de nos responsables politiques aux délices de l’idéologie pour les ramener aux dures réalités.
Souhaitons que cet engagement militaire prévisible éclaire les membres de la commission du Livre blanc et les conduise à rejeter certaines conceptions a priori qui avaient valeur de dogme chez nombre d’entre eux. Les faits sont têtus.
Politique
Malgré ses déclarations initiales, le président de la République a accepté d’engager dans l’urgence, en première ligne et au sol les forces françaises sans attendre les forces africaines. L’ennemi composé de deux colonnes de 100 pick up qui allaient s’emparer de Bamako a contraint la France à agir. Il ne pouvait en être autrement.
Quel président français aurait pu laisser les djihadistes islamistes capturer 6 000 otages de nationalité française dans le sud Mali ? La décision du président de la République s’est imposée. Elle a balayé du même coup la doctrine non interventionniste
Armée
Elle a montré toutes les qualités qu’on est en droit d’attendre d’une armée d’excellence : disponibilité immédiate de l’ensemble des composantes Terre, Mer, Air et organismes interarmées, loyauté absolue d’une armée professionnelle envers le pouvoir politique, aptitude remarquable des états-majors à combiner des forces de natures très différentes et des moyens logistiques étrangers à plus de 5 000 km de la métropole, à les engager offensivement et par surprise afin de prendre l’ascendant sur l’adversaire et de le contraindre à se replier. Les Français peuvent être fiers de leur armée qui demeure plus que jamais une référence pour la Nation.
Commandement
Cet engagement valide une nouvelle fois la chaîne de décision très courte entre le président de la République, chef des armées, et son conseiller militaire, le chef d’état-major des armées ; le premier conduit la guerre, le second les opérations.
La force d’une armée repose sur sa cohérence et sa cohésion. Toutes deux sont liées à l’unité du commandement qui permet de tirer le meilleur parti des ressources humaines et des moyens techniques alloués par le budget de la Défense.
La distinction entre forces de combat et de soutien n’existe qu’en communication politique, mais elle est un non-sens dans les opérations. Comment mener une attaque aérienne sans mécaniciens au sol et sans ravitaillement en vol ? Comment conduire un raid blindé sans livraison préalable de carburant, d’eau et de munitions? Comment combattre dans la durée sans relève par des unités acheminées de métropole grâce aux bâtiments de projection et de commandement (BPC) et aux avions gros porteurs ? Combat et soutien ne font qu’un et doivent être dans la même main.
L’action militaire exige l’unité de commandement tant dans sa conception que dans sa conduite et son soutien. L’accroissement récent des prérogatives du chef d’état-major des armées, qui renforce l’efficacité dans la préparation et l’emploi des forces, se justifie pleinement aujourd’hui. Aussi est-il nécessaire que le ministre de la Défense le valide contre l’avis de certains membres de son cabinet qui voudraient le remettre en cause.
Ministre
Il n’appartient en principe pas au ministre de la Défense de s’impliquer directement dans le déroulement des opérations. Il doit veiller en revanche à ce que notre armée dispose demain des ressources financières suffisantes pour maintenir ses capacités et combler les lacunes constatées. N’oublions pas que l’armée qui fait actuellement la guerre au Mali s’est construite au cours des 15 dernières années. Il revient donc au ministre et à ses collaborateurs de préparer celle de demain
Les armées africaines
Les militaires français savent qu’il faut des années et non quelques semaines pour construire ou reconstruire une armée. En Europe, nos cadres sont les plus à même de faire ce travail de formation. Il s’agit là d’un investissement indispensable mais de long terme qui implique aussi de disposer de bases permettant à nos unités de s’entraîner avec les forces africaines.
La France conserve sur ce continent une très bonne expertise et y bénéficie, quoi qu’en pensent certains idéologues, d’une excellente image. Les pays d’Afrique francophone savent ce qu’ils doivent à la France et vérifient chaque jour que notre pays est bien plus respectueux de leur identité que la Chine ou les Etats-Unis.
L’Europe
Les pays européens, à de rares exceptions, ne souhaitent pas s’engager militairement au Mali. D’ailleurs la plupart de leurs unités ne connaissent ni l’Afrique ni les Africains.
C’est l’occasion de s’interroger sur le concept de défense européenne car nul doute que l’armée française, agissant seule sur le terrain, est infiniment plus efficace qu’une coalition.
En revanche, l’Europe devrait disposer de capacités aériennes de projection stratégique (avions gros porteurs) que chaque nation peut difficilement s’offrir. Elle pourrait aussi financer cette opération de stabilisation du Sahel, qui participe directement à sa sécurité et à celle de ses ressortissants.
*
A l’heure où des choix essentiels vont être faits pour notre défense, l’opération SERVAL est venue rappeler opportunément que notre sécurité et nos intérêts se jouent maintenant dans cette région du monde. Le terrorisme islamiste, les problèmes migratoires liés au sous-développement économique de peuples dont la démographie explose et notre approvisionnement en matières premières stratégiques constituent des défis prioritaires à relever. Ils exigent des capacités militaires complètes et cohérentes si notre pays veut demeurer indépendant et conserver son influence dans le monde.
La REDACTION de l’ASAF
- L’intervention française au Mali
-
Nos Unités de Coeur avec la ville de Chamalieres
-
92RI
Speciales Nouvelles 92RI de Gilles FALEMPIN
Merci de l'info Gilles
> Du 27 février au 2 mars 2013, en coordination avec les forces maliennes, le groupement tactique interarmes 2 (GTIA 2) a mené l’opération Doro à l’est de Gao, entre les villes de Djebok et Telatai.
Commandé par le colonel Bert, chef de corps du 92erégiment d’infanterie (92eRI), le GTIA 2 a été appuyé par des éléments du groupement aéromobile (GAM), du Génie et du Détachement Multi capteur (DET MUC) de la force Serval stationnés à Gao.
L’opération Doro, menée quotidiennement par les forces françaises, maliennes et africaines, a pour objectif de sécuriser le terrain, de rechercher et de détruire les groupes terroristes. Dans la région de Gao, les groupes terroristes continuent d’alimenter un climat d’insécurité.
Dans la nuit du 27 février, le GTIA 2 a mené une infiltration vers la zone identifiée
comme un foyer terroriste jusqu’au village d’Imenas, à une soixantaine de km de Gao. Les groupes armés terroristes ont tenté de résister à l’action de nos forces, mais ils ont été obligés de rompre le contact sous la pression des VBCI et des hélicoptères du GAM. Plus tard, plusieurs groupes armés ont rejoint les abords du village d’Imenas et ont harcelé toute la journée du 1er mars les positions tenues par le détachement français, alors que ces derniers formaient un cordon de sécurité permettant aux FAMA de fouiller le village. La riposte des militaires français, appuyés par les hélicoptères du GAM et par un Mirage 2000 D, a permis de neutraliser une quarantaine de terroristes, de détruire un véhicule de transport de troupes BTR 60 et 3 pick-up.
Par ailleurs, deux IED ont été relevés les 1er et 2 mars, sur la route de Djebok. Les équipes EOD les ont neutralisés et sont restées prêtes à intervenir rapidement (Quick response force - QRF) pour déjouer ces pièges et permettre au GTIA 2 de poursuivre son action.
L’intervention française au Mali
MALI : OPERATION « SERVAL »
- Le 92e régiment d'infanterie à Clermont-Ferrand.
- Le 126e régiment d'infanterie à Brive-la-Gaillarde.
- Le 1er régiment d'infanterie de marine d'Angoulême.
- Le 68e régiment d'artillerie d'Afrique à la Valbonne.
- Le 31e régiment du génie à Castelsarrasin.


Au Mali, les forces françaises et maliennes, peu à peu renforcées par des contingents de la CEDEAO, affrontent des katibas (équivalent d'une compagnie légère, qui peut atteindre cent hommes, ou la section, d'une trentaine d'hommes. L'action offensive exige de la Katiba (ou la section) qu'elle se déplace clandestinement, et rapidement, d'un point à un autre, aussi éloignée que possible pour un effet de surprise. Les marches se font, pour une bonne part, de nuit). de djihadistes qui relèvent de réseaux algériens, mais aussi ouest-africains sans oublier des volontaires issus d’Europe de l’Ouest en général, et de France en particulier.
Au premier plan de ces mouvements islamiques armés, on trouve Aqmi (al-Qaida au Maghreb Islamique) qui puise ses origines dans la guerre civile en Algérie, qui durant la décennie sanglante (1988-1998) a fait 200.000 victimes. A l’époque, les islamistes du FIS (Front Islamique du Salut), qui dénoncent le coup de force des autorités à la suite de la modification des règles électorales pour bloquer leur ascension politique, donneront successivement naissance aux GIA (Groupes Islamistes Armés) puis au GSPC (Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat) apparu en 1998. Après avoir essuyé de nombreux revers, ces djihadistes, qui avaient compris dès 1995 qu’ils ne prendraient jamais le pouvoir, se sont repliés dans le sud-algérien avant de se redéployer en Libye, dans le sud-tunisien et les pays sahéliens (Mali et Mauritanie).
- L’armée française, malgré la réduction constante de ses effectifs, est rompue aux opérations africaines en milieu désertique et semi désertique. Ses hommes et ses matériels sont adaptés à ce théâtre.
- Nos unités terrestres et aériennes sortent de 10 années d’opération en Afghanistan qui les ont considérablement entraînées et endurcies. Elles sont donc préparées à ce genre de situation et les effectifs libérés par le retrait de ce pays sont disponibles pour être engagés au Sahel.
- Les opérations ont lieu à une distance raisonnable de la métropole (ravitaillement et frappes aériennes) et à proximité des bases militaires et logistiques françaises d’Afrique de l’Ouest (Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Niger, Tchad).
- Une grande partie des opérations ont –et vont avoir lieu– dans des zones vides de population, ce qui signifie que les djihadistes seront plus facilement identifiables et que nous avons moins à craindre d’effets collatéraux aux conséquences désastreuses.
- Surtout, et c’est un facteur primordial, les interventions ont lieu dans un milieu humain favorable, car la population locale est farouchement hostile aux djihadistes et attend d’être libérée. C’est une différence majeure d’avec l’Afghanistan.
- De plus, même dans le reste de Sahara où ils se sont implantés depuis une dizaine d’années –notamment en multipliant les liens économiques et familiaux (mariages)– les terroristes ne disposent pas d’une assise locale aussi solide que celle des Talibans en Afghanistan.
- Seuls les sanctuaires du nord-est malien (Adrar des Iforas) présentent pour les terroristes un théâtre favorable. Il l’est toutefois moins que celui des montagnes afghanes (isolement, faibles ressources en eau, chaleur, tempête de sable, difficulté de ravitaillement), même s’ils sont accoutumés à ces conditions.
- Si les frontières du Mali sont poreuses et les forces armées des pays voisins très limitées –à l’exception notable de l’Algérie–, les terroristes ne sont pas les bienvenus dans les Etats frontaliers. C’est une différence significative avec l’Afghanistan où le Pakistan et l’Iran sont de zones refuges sûres pour les Talibans







Opération Serval Forces Francaises
Le dispositif est distendu à l'extrême en raison des distances (1 500 km entre Bamako et Kidal), d'où l'importance du déblayage des pistes d'aéroport de Tombouctou, Gao, avant la prise de contrôle de Kidal.
Rappel des quatre missions confiées à l'opération Serval
1.Stopper la progression des groupes insurgés (réalisé),
2.Frapper les bases arrières de l'adversaire, essentiellement par les forces aériennes (en cours),
3.Assurer la protection de Bamako et des 6 000 ressortissants français (réalisé),
4.Aider les forces maliennes à se structurer et la MISMA (Mission internationale de soutien au Mali) à s'organiser « pour la reconquête totale du Mali ». Les rapides avancées vers Gao, Tombouctou procèdent de cette logique.
Tour d’horizon des moyens déployés
Armée de terre
Tombouctou :





•les marsouins du 21ème RIMa,
•les légionnaires du 1er REC avec des blindés légers AMX 10 RC.
•200 cents légionnaires du 2ème REP largués au nord de la ville.
•Des éléments du 6e RG, chargé de l'ouverture d'itinéraires, du déminage, de la destruction d'armes et de munition mais aussi l'installation de campements.
•Des éléments du 17ème RGP largués sur Tombouctou, bulldozer compris, pour nettoyer l'indispensable piste d'atterrissage de l'aéroport.
Gao :





•Un détachement du 1er RCP a effectué un poser d'assaut pour sécuriser l'aéroport de Gao.
•Des éléments du 17ème RGP pour l'aménagement de la piste et la mise en place d'une chaîne aérienne logistique.
•Une trentaine de blindés du 1er RHP.
•Des éléments du 3ème RPIMa.
•Une compagnie du 2ème RIMa.
Bamako :
•150 hommes du 3ème RIMa de Vannes s'occupent de la sécurité de la base arrière de l'opération Serval. 250 autres sont en attente.
•Une cinquantaine d'hommes du 7ème RMAT. D'autres éléments aux métiers ultra-techniques sont prélevés un peu partout. Une centaine d'hommes complètent la logistique (munitions, carburant, transmissions, armement, véhicules...).
•Une centaine d'hommes du 511ème RT.
•Des éléments du 28ème RT.
•Une centaine d'hommes du 515ème RT.
•Deux cents personnels et quinze engins (Tigre, Cougar, Gazelle) du 5ème RHC.
Dakar, en attente :


•Deux compagnies du 92ème RI équipées de VBCI (véhicules blindés de combat d'infanterie).
•Une compagnie du RICM avec des AMX10 RC.
En cours de transfert





•Une batterie du 11ème RAMa avec des mortiers de 120 mm.
•Une compagnie du 126ème RI
•Une compagnie du 31ème RG.
•Une batterie du 68ème RAA avec quatre camions Caesar.
•Un escadron du 1er RIMa avec sept blindés AMX 10 RC, une dizaine de VAB et de VBL et de cinq camions.
A noter que la zone de regroupement et d’attente (ZRA) de Miramas est armée par le 503ème RT.
Armée de l'air
Le dispositif aérien est basé à N'Djamena (Tchad), Niamey (Niger) et désormais, Bamako. On compte désormais six Rafale, six Mirage 2000-D, cinq avions ravitailleurs Boeing C135 FR et deux Mirage F1-CR de reconnaissance tactique.
Six Rafale sont mobilisables depuis Abou Dhabi, si nécessaire.
Les munitions transitent par la base 702 d’Avord dans le Cher, comme lors de l'opération Harmattan en Libye.
Au sol, le CPA 20 (commando parachutiste air) est déployé pour son métier de protection de base aérienne. Le CPA 30 aurait des éléments spécialisés dans l'appui aérien et la récupération de personnes isolées.
Forces spéciales et renseignement
Ils sont omniprésents à l'avant de la remontée française.






•Des équipes du 1er RPIMa, du 13ème RDP de Souge et des hélicoptères du 4ème RHFS.
•Le COS (Commandement des opérations spéciales), son poste de commandement à Ouagadougou (Burkina-Faso) et au siège à Villacoublay.
•Des commandos de l'air du CPA 10 d'Orléans présents au sol pour l'appui aérien, le ciblage, c'est-à-dire le guidage des avions pour les bombardements.
•Des commandos marine de Lorient sont engagés en première ligne depuis le début de l'intervention française.
Le couple de satellites Pléiades et les Hélios 2A et 2B observent le Mali depuis longtemps et donnent d'excellents renseignements sur un terrain favorable, tout comme les avions Atlantique 2 et les deux drones MALE Harfang de l'escadron 1/33 Belfort de la BA 112.
Marine nationale

•Le BPC Dixmude est arrivé lundi 28 janvier à Dakar. Il avait appareillé de Toulon lundi 21 avec les éléments d'un GTIA.
•Le roulier MN Eider doit arriver à Dakar avec 250 véhicules et une centaine de conteneurs.
La Marine arme également les avions de reconnaissance et de surveillance Atlantique 2, basés à Dakar.
Source: Défense Globale
«Contre la peur, un seul remède : le courage.»
MALI : OPERATION « SERVAL » II
Enrôlé de force, terrorisé, drogué, il a servi, comme ses camarades d’école coranique, de chair à canon aux combattants islamistes. Il garde la tête baissée, les yeux vers le sol, crache par terre et demande à boire. Boubacar a toujours soif. Il a quinze ans à peine, les yeux brillants, le corps flottant dans un boubou grenat qui exhale une odeur forte de brousse, les pieds dans des sandales de plastique. Quand on l’extrait de sa cellule, une pièce de ciment meublée d’un seau débordant de merde, il tripote un mégot coincé derrière son oreille, crache, demande encore à boire et une cigarette. Boubacar est en manque. Il a six ans quand ses parents, trop pauvres pour élever sept enfants, le confient à l’école coranique de Haïbongo, à vingt et un kilomètres de Tombouctou. Le père est épicier et marabout, marchand de cigarettes et d’arachides ; la mère vend du lait de vache.
À l’école coranique, Boubacar passe ses journées à ânonner les sourates du coran et à servir le maître, un religieux autoritaire et avide, qui répète à ses vingt quatre élèves qu’ils iront en enfer s’ils ne sont pas obéissants. Un jour, les islamistes viennent à l’école et ils repartent avec tous les gamins. Le maître les a vendus. Leur nouveau chef s’appelle Mohamed Djibrilou Sidi Bey, venu de Libye ou d’Algérie, un homme « toujours armé, grand, gros, très méchant, à la peau plus claire que moi », dit Boubacar, « un barbu qui parle arabe, peul, sonraï et français ». Sans le savoir, Boubacar vient d’être enrôlé par la branche de Tombouctou d’Ansar Dine, en marche pour la guerre sainte. Boubacar est envoyé à Douentza, dans un camp militaire, où il est formé au maniement de la « 47 », en clair, l’AK 47, le fusil d’assaut préféré des islamistes. Pendant deux semaines, le gamin de treize ans à peine, court, saute, sue, tire, manoeuvre puis devient cuisinier, sert ses maîtres et leur porte une bassine d’eau, cinq fois par jour, à l’heure des ablutions pour la prière.
Chaque jour, le chef leur répète que la religion est tout, qu’il faut mourir en martyr pour entrer au paradis des vrais croyants...« il parlait bien, c’était beau ! ». Oublier une sourate ou la réciter mal est un péché. Et Boubacar, défaillant, recevra le fouet, sous forme de cinq coups de courroie de moteur de voiture. Dans le camp, un Burkinabé de vingt et un ans, Omar Sanga, est particulièrement indiscipliné. L’ancien forgeron se cache pour fumer dans la brousse et sort en cachette en ville le soir. Après une nouvelle incartade, son chef décide de punir le mécréant : « il l’a égorgé ». Désormais, Boubacar et ses camarades de l’école coranique vivent dans la terreur. Il y a un an, quand l’insurrection éclate, Mohamed les réunit pour leur annoncer que l’heure du Djihad est enfin arrivée et que Dieu, dans son immense bonté, leur offrait enfin l’occasion de mourir en martyr. Le chef menace, personne ne doit faiblir au combat. Sinon... et tous les combattants pensent à Omar Sanga. En quelques semaines, les villes du Nord tombent l’une après l’autre. Tombouctou est aux mains d’Aqmi et d’Ansar Dine. Et en décembre dernier, la Katiba (compagnie ou section) déménage pour s’installer du côté de Diabali. Début janvier, Boubacar apprend que des bombes françaises ont frappé Konna. Sa belle-sœur est morte au cours du raid. Son père, lui, a fui avec sa famille vers Bamako. L’épicier, qui avait le malheur de savoir parler français et vendait le tabac du diable, était devenu suspect aux yeux de la police islamique. Le déplacement de la Katiba à Dougala, petit village près de Diabali, se fait par petits groupes pour ne pas éveiller l’attention. D’abord quatre pick-up et des hommes armés de simple coupe-coupe, puis d’autres colonnes chargées d’armes lourdes : les djihadistes se préparent à l’attaque de Diabali.
Le lundi 14 janvier à l’aube, 400 hommes et 47 pick-up s’infiltrent dans la ville et balaient la garnison malienne en moins de trois heures. L’attaque est menée par Ousmane Haïdara, « un ancien colonel de l’armée malienne, dit Boubacar, il connaissait bien Diabali parce qu’il avait été commandant de la garnison de la ville ».
Boubacar fait partie de la deuxième vague, celle du lendemain matin. Déjà, les hélicoptères français tournent et les avions larguent des bombes de 250 kilos... « Nous avions tous très peur », dit Boubacar. Le bruit et les morts ! Le gosse crache par terre et demande à boire, « le ciel et la terre, tout tremblait ». Boubacar cherche ses camarades d’école, divisés en deux groupes de douze. Le premier pour l’assaut, le second en appui. Dans le premier groupe, sept compagnons sont morts. Il relève la tête et crie leurs noms : « Soumaïla Barry, Adama Yori, Samba Touré, Djibrilou Barry, Affo Barry, - « mon cousin » -, Boubacar Sidi Bey et Sambo Traouré...Tous morts ». Les assaillants prennent le temps d’en enterrer un, « derrière le cimetière, sous les manguiers ». Et les autres ? Boubacar enlève une sandale et la tient dans la main : « C’est tout ce qu’on retrouvé d’eux... après les bombes des avions ». Le soir, les combattants s’installent au cœur de la ville, dans l’école catholique « Espoir de demain », près de l’église qu’ils ont saccagée. Comme toujours avant les combats, on leur sert de la viande mélangée à une poudre blanche : « Après, tu as le corps qui devient dur comme du fer. Tu ne sens plus la douleur. Et tu gardes les yeux très ouverts. Sans pouvoir dormir ». Cocaïne. Les hommes du camp reniflent aussi la poudre magique. Mohamed Djibrilou le chef traite aussi les « cas particuliers », comme Boubacar, qu’il trouve « têtu », peu enclin à embrasser la mort. Le gamin soulève ses manches sales, montre deux piqûres à son bras gauche, deux autres au bras droit et trois de plus sur les fesses, résultat des injections imposées par le chef de Katiba : « Après la piqûre, tu ne peux plus t’empêcher de courir comme un fou », dit Boubacar. Plus les avions frappent, plus le chef multiplie les injections. À la dernière, Boubacar s’effondre, dans le coma.
Quand il se réveille, tout est étrangement calme. Boubacar a très soif et n’a plus la force de bouger. La femme du gardien de l’école, tué dans les bombardements, lui donne à boire et à manger. Il reste là cinq jours, à dormir et à délirer. Puis parvient à se lever. Dehors, la ville est déserte. Les djihadistes ont fait retraite. Boubacar décide de partir à pied vers Bamako, rejoindre ses parents, à cinq cents kilomètres de là. Sur la route en direction de Niono, les forces lui manquent. Il fait demi-tour et se fait arrêter par les premiers militaire maliens : « J’étais content. Ils ne m’ont pas tué ». Depuis sa cellule répugnante de la gendarmerie de Ségou, Boubacar a entendu la suite, les villes qui tombent les unes après les autres et les islamistes abandonnés de Dieu qui fuient dans le désert. Les colonnes djihadistes n’ont pas fait le poids devant une armée moderne. Les hélicoptères d’assaut, les avions munis de bombes guidées au sol par les forces spéciales françaises ont pulvérisé les pick-up avec une précision diabolique. La première manche de la guerre classique est quasiment terminée, les foules libérées exultent en agitant les drapeaux français et malien, l’heure est à l’euphorie. Mais Boubacar se souvient comment son chef parlait du désert immense, des combattants qui le parcourent, de la colère de Dieu qui frappera les impies, dans les dunes, sur les routes ou même dans les villes, portée par des martyrs, ceinture d’explosifs autour de la poitrine. Boubacar ne le comprenait pas, mais son chef ne faisait que leur expliquer les règles de la guerre asymétrique. Celle qui peut désormais commencer.
Boubacar crache par terre, demande encore à boire et allume avec avidité la cigarette qu’on consent enfin à lui offrir. Cette autre guerre se fera sans lui. Il sera bientôt jugé pour « participation à la rébellion » et ses gardiens lui ont dit qu’il resterait longtemps en prison. Pour l’heure, il a été rejoint par un codétenu, très jeune, un peu décevant comme nouveau camarade, qui ne connaît pas son âge ni son nom, reste muet et passe ses journées à rouler des yeux fous. Un combattant djihadiste arrêté lui aussi sur le front. Un enfant-soldat. Un gosse perdu à la guerre.
L’affaire n’a pas été ébruitée. Nous sommes le 26 janvier, au cœur de la nuit, il est quatre heures du matin, la ville de Gao vient à peine de tomber. Une colonne d’une centaine de véhicules - 400 militaires Maliens, 100 Français - progresse, formant un convoi qui s’étire sur dix kilomètres. À un kilomètre avant Gao, le premier véhicule blindé tombe dans un énorme cratère de trois mètres de diamètre et d’un mètre cinquante de profondeur. Sous le choc, le véhicule est disloqué, deux soldats français sont blessés, nez cassé, bras fracturé, trauma crânien.
Explication : la veille, les Forces spéciales se sont retrouvées face à un pick-up bourré d’explosifs conduit par deux kamikazes. Les Français ont ouvert le feu, le véhicule a explosé, les corps des deux islamistes « blastés », - disloqués par le souffle, gisent sur le bas-côté de la route. Il fait très noir, une équipe télé, qui accompagne le convoi, ne peut pas faire d’images. D’autant qu’immédiatement, à la radio, on entend la consigne « attention ! Restriction presse ». Pas d’images, donc pas d’histoire. Le convoi reprend son chemin.
Constat : il est double. Un, les Forces spéciales ont toujours été devant et elles savent tirer. On s’en doutait. Deux, plus important, face aux frappes aériennes qui les laissaient impuissants, puis face aux troupes au sol, plus vulnérables, les djihadistes ont commencé très tôt à utiliser les armes qu’ils connaissent : kamikazes, voitures-piégées ou suicides, mines, accrochages éclairs, bref toute la panoplie des groupes islamistes armés. Depuis, les évènements qui se sont déroulés, toujours autour et dans Gao, confirment que « l’autre guerre », prévue, attendue, redoutée, logique et inévitable, a bel et bien commencé.
Le 6 février, une mine saute au passage d’un véhicule, toujours sur cette route entre Douentza et Gao, - apparemment « truffée » de mines selon les témoignages - faisant quatre morts, deux soldats et deux civils. Déjà, le 31 janvier, une mine avait explosé sur la route, au passage d’un véhicule militaire malien, tuant deux soldats. Autour de Gao, les premiers accrochages commencent, avec tirs de kalachnikov et de lance-roquette antichar, le minimum de l’arsenal de tout bon djihadiste dans la région. Le 8 février, un homme à moto habillé en uniforme de la gendarmerie malienne se fait exploser devant un barrage de soldats. Un seul mort, le kamikaze et un soldat blessé. Par chance, l’obus que transportait le djihadiste sur sa moto n’a pas explosé. Et deux jours après, on pouvait toujours voir la tête du kamikaze abandonnée sur le sol, un « homme à la peau claire », arabe ou touareg.
Le 10 février, enfin, la ville de Gao connaît de véritables scènes de guérilla urbaine. Un kamikaze se fait sauter à un poste de contrôle de l’armée malienne à l’entrée de la ville, pour ouvrir la voie à un commando de plusieurs dizaines d’hommes qui s’infiltrent, prend le contrôle - symbolique - de l’ancien centre de la police islamique. Les combats vont durer cinq heures. Et les islamistes sèment la panique dans tout le centre-ville. Des reporters décrivent des hommes en noir, ceinture de grenades autour de la taille, sautant de maison en maison dans les ruelles de la ville. Il faudra l’intervention des hélicoptères de l’armée française pour déloger le commando et rétablir l’ordre dans une ville secouée, privée un temps d’électricité et inquiète de la possibilité de terroristes rescapés, infiltrés dans la cité et bénéficiant de complicités pour attendre l’heure d’un nouveau mauvais coup.
Des soldats maliens transportent des suspects à Gao, dans le nord du pays. (Julien Guyot - AFP)
► Focus sur l’appui à l’implantation des composantes « Air »…
Dès le début de l’opération « Serval », les militaires du 25ème Régiment du Génie de l’Air (25ème RGA) et du Groupement Aérien d’Appui aux Opérations (GAAO) ont été déployés à Bamako, puis au fil de l’avancée des troupes françaises et maliennes, à Mopti, Sévaré, puis Gao. Leur mission : aménager les structures aéronautiques nécessaires pour le détachement Air.
Les hommes du 25ème RGA et du GAAO sont chefs de travaux, conducteurs d’engins, maçons, électriciens ou encore menuisiers. Ils sont projetés sur un théâtre d’opération dès son ouverture lorsqu’il faut y déployer des zones de vie et de travail. Au Mali, les deux entités ont réalisé en synergie les aménagements nécessaires pour que les avions puissent se poser et les hommes s’installer. Le génie se consacre aux travaux d’infrastructures « horizontales » tels que la préparation des pistes de terrain. Le personnel du groupement aérien d’appui des opérations, constitué de spécialistes du bâtiment, des énergies ou du traitement de l’eau, prend en charge les infrastructures dites « verticales ».
Ainsi, sur un chantier au profit de la base de Bamako, le génie de l’Air a récemment renforcé le dispositif de sécurité de l’entrée de l’aéroport militaire. L’objectif est d’éviter l’infiltration ou l’attaque directe d’ennemis grâce à une infrastructure performante et un service de sécurité infaillible. Les éléments du 25ème RGA, soutenus par des entreprises locales, ont rapidement entamé les travaux de terrassement de la zone qui sera constituée plus tard de bastions walls (système de fortification cellulaire modulaire) et d’un poste de sécurité.
De son côté, le GAAO a procédé à la construction de blocs sanitaires au profit du détachement Air à Bamako. Outre sa capacité à installer un camp pour 1 400 personnes et à baliser des pistes de campagne, cette unité travaille au quotidien à l’amélioration des conditions de vie de son détachement et de la force en général. Les maçons ont dressé des blocs sanitaires qui serviront à l’armée Française puis à l’armée de l’Air malienne qui stationne sur cette base. Un moyen de mettre à profit les compétences de l’unité et de les partager.
Les élongations importantes de l’opération « Serval » sur le territoire malien ont nécessité l’intervention du 25ème RGA et du GAAO dans plusieurs villes (Gao, Mopti…) avec une phase de reconnaissance d’expertise, puis une phase d’engagement des travaux. Dès le début des opérations, ils sont les garants des capacités de déploiement de la composante Air. Ils participent à la manœuvre globale de l’opération en travaillant en étroite collaboration avec les autres entités du théâtre et les forces locales.
► Focus sur le détachement « chasse » de Bamako…
Dès l’ouverture du théâtre malien, la composante Air a joué un rôle crucial avec l’appui aérien apporté par les mirages 2000D et F1 lors des opérations terrestres menées par les troupes françaises aux côtés des forces maliennes. Aux côtés des pilotes, les mécaniciens œuvrent jour et nuit pour que l’ensemble des aéronefs puissent remplir leurs missions.
Actuellement, au détachement Air de Bamako (DETAIR), 6 mirages 2000D sont alignés, armés et prêts à décoller. Pour mener les missions programmées ou déclenchées sur alerte, les 10 équipages et les 80 mécaniciens sont à pied d’œuvre 24h/24. Sous la chaleur écrasante d’un après-midi à Bamako, dans la zone militaire de l’aéroport, les mécaniciens du détachement « chasse » (DETCHASSE) s’affairent autour des deux mirages déclenchés pour une alerte. Après un briefing en salle d’opérations, les deux équipages rejoignent leurs avions, effectuent les dernières vérifications de l’appareil avant le vol. Quelques instants plus tard, la mise en route, le roulage puis le décollage dans un bruit assourdissant, marquent le début de cette mission.
Dès le retour des avions, les mécaniciens prennent en charge les appareils pour les préparer à leur prochaine mission. Les équipages regagnent la salle d’opérations pour débriefer cette mission et faire les comptes rendus à temps. Quelques heures plus tard, ce sera au tour d’un nouvel équipage. Initialement, l’engagement des mirages 2000D a permis d’arrêter la progression des groupes terroristes vers le Sud du Mali. Désormais les interventions aériennes menées dans la profondeur permettent, notamment, la destruction des bases arrières empêchant tout repli et toute réorganisation des groupes terroristes repoussés par les unités au sol. Leur déploiement permet également l’acquisition du renseignement et la définition de la situation tactique ainsi que l’appui des troupes au sol.
► Les commandos parachutistes de l’air du CPA 20 au cœur du GTIA 1…
Depuis leur départ de Bamako le 24 janvier 2012, les hommes du CPA 20 (commandos parachutistes de l’Air n° 20) de la base aérienne 102 de Dijon, insérés au sein du GTIA 1 (Groupement Tactique Interarmes), coordonnent l’appui aérien au profit de leur unité et, assurent le marquage des zones de largage et des zones de posers sur l’aéroport de Tombouctou.
Le 24 janvier 2012, lorsque le GTIA 1 s’est élancé depuis Bamako pour un raid blindé sur Tombouctou de près de 1 000 kilomètres en 4 jours, 11 militaires de l’armée de l’Air les accompagnaient :
un pilote de chasse et 10 commandos parachutistes de l’Air. Ces hommes ont armé deux structures, une équipe de contrôle tactique air (CTA) et une équipe d’appui aérien (TACP - tactical air control party).
L’équipe CTA, dirigée par un contrôleur tactique air, remplit deux missions. La première, consiste à coordonner les actions aéroterrestres dans la zone de responsabilité du GTIA. La deuxième, consiste à attribuer, en conduite, les moyens aériens déployés aux TACP et à coordonner les actions de ceux-ci.
Les TACP, ont la responsabilité de diriger les avions ou hélicoptères opérant dans leur zone (niveau tactique). Leurs missions consistent à faire comprendre aux équipes d’aéronefs arrivant dans la zone la situation tactique locale, à leur transmettre les éléments nécessaires pour identifier les objectifs, à guider les munitions le cas échéant et à évaluer les résultats. Cette équipe, commandée par un contrôleur aérien avancé (FAC - forward air controler), est constituée de spécialistes réalisant l’extraction de coordonnées, la désignation d’objectifs, la communication et l’autoprotection du détachement.
Durant la progression du GTIA 1, les villes de Niono et Léré ont été rapidement libérées et le 27 janvier la colonne a atteint l’aérodrome de Goundam. Après la réouverture de la piste, les hommes du CPA 20 ont guidé le poser d’un C160 Transall transportant des munitions et du carburant pour le ravitaillement du groupement aéromobile (GAM) qui se préparait à prendre la ville de Tombouctou. Dans la nuit du 27 au 28 janvier, le FAC du CTA a guidé les avions Rafale et le drone Harfang qui ont appuyé l’opération aéroportée du 2ème régiment étranger parachutiste (2ème REP) au nord de l’aéroport de Tombouctou. Ils ont également effectué le marquage des zones pour le largage des véhicules et des munitions.
Le 28 janvier, alors que l’aéroport est sous le contrôle des forces françaises et africaines, mais rendu indisponible par des obstacles, les hommes du CPA 20 ont à nouveau préparé des zones de largage permettant, dès le lendemain, aux sapeurs du 17ème RGP (régiment du génie parachutiste) d’être parachutés avec leurs véhicules lourds (tractopelle et bulldozer). Une fois au sol, ils ont immédiatement entamé le rétablissement de la piste de l’aéroport.
Le 31 janvier, le CPA 20 a assuré le premier poser d’un avion Hercules C130 de la composante aérienne de l’opération « Serval » sur l’aéroport de Tombouctou. Depuis, le CTA assure la coordination des mouvements de tous les avions de transport tactique (ATT) et d’assaut (ATA) de jour comme de nuit, permettant ainsi de maintenir une liaison avec les hommes du GTIA 1 stationnés aux confins du Sahel.
► Décès d’un soldat français…
Le 19 février 2013, peu avant 11h00, des éléments français constitués d’une section de commandos parachutistes, renforcée d’un contrôleur aérien avancé et d’une patrouille blindée en mission de reconnaissance dans le massif de l’Adrar à une cinquantaine de kilomètres au sud de Tessalit, ont été pris à partie par des groupes terroristes. Au cours de cette action, un soldat français a été mortellement touché.
Immédiatement, les éléments pris à partie ont été appuyés par un renfort au sol et par la patrouille blindée qui a riposté au canon de 105 mm. Simultanément, une patrouille de deux Mirage 2000D, en mission d’appui au profit des troupes au sol dans la zone, est intervenue et a détruit deux nids de mitrailleuses lourdes. Une QRF du GAM s’est déployée sur zone. Les échanges de tirs se sont poursuivis pendant plusieurs heures et ont permis de fixer une partie des éléments terroristes. La veille, près de 150 soldats français et maliens lançaient l’opération « Panthère » dans le massif de l’Adrar. Cette opération vise notamment à désorganiser les groupes terroristes et à démanteler les sanctuaires terroristes. A cette occasion, deux importants dépôts de munitions ont été détruits par des frappes aériennes dans ce secteur. Cette action des forces françaises a permis de localiser des éléments terroristes dans leur sanctuaire, de les poursuivre et de neutraliser plus d’une vingtaine d’entre eux. Le soldat français tué au cours de cette opération est un sous-officier du groupe de commandos parachutistes du 2ème Régiment étranger de parachutistes (2ème REP) de Calvi.
► In memoriam : décès du sergent-chef Harold Vormezeele…
Né le 24 juillet 1979 en Belgique, le sergent-chef Harold VORMEZEELE aura servi la France durant près de 14 ans.
A 19 ans, le 24 février 1999, il s’engage pour cinq ans à la légion étrangère en qualité d’engagé volontaire. A l’issue de sa formation initiale au 4ème régiment étranger de Castelnaudary, il intègre le 22 juillet 1999 le 2ème régiment étranger de parachutistes (2ème REP) en qualité de grenadier voltigeur. A compter du 19 août 2000, il est amené, au sein du même régiment, à exercer les responsabilités d’opérateur radiographiste. Légionnaire sérieux et motivé, il se révèle compétent et efficace, se montrant particulièrement rigoureux dans l’exécution des missions confiées. Le 1er février 2002, il est élevé à la distinction de légionnaire de première classe.
Nommé au grade de caporal, énergique et déterminé, il se distingue par son remarquable investissement et son excellente condition physique. Manifestant un fort potentiel, il intègre alors la section des commandos parachutistes puis est naturellement orienté vers le corps des sous-officiers et est nommé au grade de sergent le 1er juillet 2005. Il se perfectionne alors dans le domaine de la troisième dimension et obtient son brevet supérieur de technicien de l’armée de Terre (BSTAT). Son profond attachement à la France lui fait déposer un dossier de naturalisation qu’il obtient le 7 mai 2010. Il est promu au grade de sergent-chef le 1er juillet de la même année.
Faisant preuve depuis toujours d’un remarquable dévouement à son métier et d’une disponibilité sans faille, le sergent-chef VORMEZEELE a effectué plusieurs missions extérieures : la Bosnie-Herzégovine en 2000, le Gabon en 2001, Djibouti en 2001 et 2011, la Nouvelle-Calédonie en 2003, la République de Côte d’Ivoire en 2006, la République Centrafricaine en 2007 et l’Afghanistan en 2008, 2010 et 2011.
Le 23 janvier 2013, dans le cadre du « Guépard », il est projeté en République de Côte d’Ivoire. Dans la nuit du 27 au 28 janvier, lors de l’opération « Serval », il saute en parachute avec son unité sur la ville de Tombouctou au Mali. Commando parachutiste compétent et particulièrement expérimenté, il se révèle une fois de plus à la hauteur dans cette situation de crise.
Le 19 février, peu avant 11h00, des éléments français constitués d’une section de commandos parachutistes, renforcée d’un contrôleur aérien avancé et d’une patrouille blindée en mission de reconnaissance dans le massif de l’Adrar à une cinquantaine de Kms au sud de Tessalit, ont été pris à partie par des groupes terroristes. Au cours de cet accrochage, le sergent-chef VORMEZEELE, sous-officier du groupe de commandos parachutistes du 2e REP de Calvi, a été mortellement touché. Il est le second soldat français à trouver la mort au combat depuis le lancement de l’opération « Serval » au Mali.
Le sergent-chef VORMEZEELE était titulaire de quatre citations dont trois avec attribution de la Croix de la Valeur militaire et d’une avec attribution de la médaille d’or de la Défense nationale.
Le sergent-chef VORMEZEELE était par ailleurs titulaire de la médaille commémorative française avec agrafes « ex-Yougoslavie » et « Afghanistan », de la médaille d’outre-mer avec agrafes « République de Côte d’Ivoire » et « République Centrafricaine », de la Croix du combattant et de la médaille de la Défense nationale - échelon or.
Agé de 33 ans, il a été tué dans l’accomplissement de sa mission au service de la France.
► Point de situation (14/02 18h au 18/02 18h)…
Les opérations aériennes se sont poursuivies en particulier dans la région de Bourem avec près de 85 sorties. Une quinzaine a été dédiée aux frappes aériennes et a permis la destruction, entre autres, de plusieurs dépôts de munitions des groupes terroristes. Un peu plus d’une trentaine a été consacrée au transport stratégique de nos forces et nos matériels, et le reste au soutien des opérations.
Pour rappel, le dispositif Air de l’opération « Serval » comprend 6 Rafale, 6 Mirage 2000D, 2 Mirage F1CR, 4 avions ravitailleurs, des drones Harfang, des C160, C130 et CN235 qui opèrent depuis Bamako, Ndjamena, Niamey, Dakar ou encore Abidjan. Au sol, l’opération « Serval » poursuit sa phase de sécurisation tout en mettant en œuvre des opérations visant à désorganiser les groupes terroristes. Ainsi, après la prise de Tessalit la semaine dernière, les soldats français en soutien des forces armées maliennes et en collaboration avec les militaires nigériens des forces africaines ont atteint la ville de Bourem.
Entre le 14 et le 18 février, le GTIA 2 (92ème RI), appuyé par le GAM et en soutien des FAM a lancé un raid blindé à partir de Gao vers la ville d’Almoustarat au nord, avant de rejoindre la région de Bourem plus au sud. La reconnaissance de cette zone a permis la fouille de plusieurs villages situés sur ces axes par les forces armées maliennes. Cette étroite coordination a notamment permis la récupération puis la neutralisation de 3 BM21 et un canon laissés par les groupes terroristes. Simultanément, des soldats français, maliens et nigériens ont sécurisé l’accès à la ville de Gao, face au nord, afin d’éviter de nouvelles infiltrations mais aussi des exfiltrations des groupes terroristes depuis la région de Bourem.
Le 16 février en début d’après-midi, l’ensemble des éléments s’est déployé à hauteur de Bourem. Le GTIA 2 s’est déployé aux abords de la ville afin d’en sécuriser les accès alors que les forces armées maliennes ont repris le contrôle de la localité. Leur arrivée a été saluée par la population. Près de 150 soldats maliens sont désormais installés dans la ville de Bourem. Le 17 février 2013, les éléments ont repris leur progression en direction de Gao. A plusieurs reprises des éléments ennemis ont été aperçus mais ils n’ont pas engagés le combat.
Parallèlement, les forces africaines poursuivent leur montée en puissance avec désormais près de 5 250 soldats sur le sol Malien. Les contingents togolais, sénégalais, béninois, ghanéen et tchadiens ont vu leurs effectifs accroître ces derniers jours et devraient poursuivre leur déploiement sur le terrain.
Enfin, le 18 février 2013, le Conseil de l’Union Européenne a officiellement lancé la mission EUTM MALI visant à apporter un soutien à la formation et à la réorganisation des forces armées maliennes. Un élément précurseur, sous les ordres du colonel Heluin, est arrivé à Bamako le 8 février et commencera à s'acquitter des tâches d'expertise et de conseil dans les jours qui viennent. Les instructeurs militaires devraient être déployés avant la fin du mois de mars.
NB : Le BM-21 Grad (russe : БМ-21 « Град ») est un camion soviétique lance-roquettes multiples de 122 millimètres développé dans les années 1960. BM signifie Boyevaya mashina, « véhicule de combat », et le surnom Grad signifie « grêle ». En Occident, le système était initialement connu sous le nom M1964. Selon les munitions et les versions, la portée de ces roquettes est de 5 à 45 km. Il comprend 40 tubes de lancement de roquettes.
► La traque des Atlantique 2…
Sur l’ensemble des aéronefs engagés dans l’opération « Serval », plusieurs appartiennent à la Marine nationale. Ce sont les Atlantique 2 ou ATL2. Détour par Dakar où sont stationnés les avions et le détachement de la flottille 23 F de Lorient.
Samedi 16 février 2013, les soldats français de l’opération « Serval » se déploient à l’Est du Mali pour une première mission de reconnaissance dans la région de Bourem. C’est la première fois que des éléments terrestres se rendent dans cette zone mais cette approche a pu être minutieusement préparée par les reconnaissances effectuées par les ATL2.
Les avions de patrouille maritime Atlantique 2, dont le bleu-gris du fuselage est caractéristique, réalisent dans le cadre de l’opération « Serval », des missions de surveillance et de recherche de renseignement par l’observation et le recueil d’images. Par la multiplicité et la précision de ses capteurs, il permet également le guidage des avions de chasse. Cette capacité avait déjà été éprouvée lors de l’opération « Harmattan » en Libye.
Ces avions et leurs équipages ont été engagés dès le déclenchement de l’opération « Serval » pour appuyer l’action des troupes au sol, en particulier le déploiement rapide des sous groupements tactiques interarmes de Bamako vers Tombouctou ou Gao, puis Kidal et Tessalit. Avec « Serval », « la patrouille maritime française a atteint son plus haut niveau d’engagement » a déclaré le chef du détachement 23F, capitaine de frégate Pierre.
Près de 1 000 heures de vol ont été effectuées par le détachement ATL2 depuis leur engagement. Il a par ailleurs compté jusqu’à 8 équipages et 200 marins de la 23F de Lorient.
Le détachement est stationné sur la Base Aérienne 160 « Colonel Geille » à Dakar, non loin du poste de commandement des Éléments français au Sénégal (EFS).
► Le 92ème RI arrivé à Gao…
Le 16 février 2013, en début de soirée, les fantassins de la 1ère compagnie du 92ème régiment d’infanterie (92ème RI) de Clermont-Ferrand sont arrivés à Gao.
Partis de Bamako le 13 février, les « grognards de la Vieille Garde » ont gagné Gao : plus de 1 200 km en 4 jours ! Ce convoi, formé des fantassins de la 1ère compagnie et de leurs véhicules blindés de combat de l’infanterie (VBCI), comptait en tout 85 véhicules (engins blindés et vecteurs logistiques). Chaleur accablante et fatigue étaient rapidement oubliées par les équipages à la traversée des villages. La population locale en liesse les accueillait sous les cris de joie et les applaudissements.
À Gao, les « grognards » vont renforcer le groupement tactique interarmes (GTIA) n° 2 Auvergne, placé sous le commandement du colonel Bert.
► VBCI : véhicule blindé de combat de l'infanterie…
Cet engin, dont l'équipage est de deux hommes (le pilote et le chef d'engin-tireur) doit permettre le transport d'un groupe de combat avec la totalité de ses équipements (9 hommes dont le chef tactique) en lui assurant un niveau de protection significatif.
La configuration générale de ce véhicule de combat de l'infanterie (VBCI) et de ses équipements est adaptée à l'engagement au sein d'une force blindée. Le véhicule blindé de combat de l'infanterie doit permettre le débarquement au plus près de l'objectif du groupe de combat et être en mesure de lui fournir un appui avec son armement de bord. C'est un véhicule à roues 8x8. Il doit pouvoir être engagé, de nuit comme de jour, sous la menace des armes d'infanterie ou d'artillerie, en ambiance NBC tout en assurant la capacité à durer au personnel embarqué. Pour ce-là, il est armé d'une mitrailleuse 12,7 mm montée sur un tourelleau téléopéré et d'un canon de 25 mm positionné sur une tourelle monoplace. Les différentes versions reposent sur une architecture commune organisée sur la base d'une caisse en aluminium sur laquelle sont rapportées des plaques de sur-protection. Le poste de pilotage est situé à l'avant gauche. La motorisation est un dérivé de la gamme civile. Son autonomie est supérieure à 750 kilomètres. La chaîne de transmission est du type en "I" avec des ponts centraux. La liaison sol est assurée par 8 roues motrices indépendantes dotées d'un dispositif de variation de pression de gonflage (les 4 roues avant sont directrices) et de suspensions de type mixte (oléopneumatique et ressort).
Caractéristiques numériques : hauteur : 3,22 m - longueur : 7,89 m - largeur : 2,98 m - masse : de 24 à 28 t (selon les versions et le niv
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corine 01/12/2017 01:31
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